Quand le verbe nous questionne !
Paroles de Griots
aux éditions Albin Michel et présentées par Ahmadou Kourouma
Jeudi 16 avril
Je te demande petite créature humaine,
Qu’est-ce qui est à toi ici-bas ?
Certes, le soleil rayonne pour toi,
mais l’astre du jour n’est pas à toi
Car il se lève et se couche
Sans que tu n’y puisses rien
Certes, l’averse t’est bénéfique,
mais cette pluie n’est pas à toi
Car il pleut ou il ne pleut pas,
sur cela tu n’as aucune maîtrise
Certes, l’univers semble être tien,
Tu profites de ses bienfaits
Mais le monde ne sera jamais à toi.
Rokia Traoré, Mali
Quand les mots s’offrent en prière !
Mercredi 6 avril
Je ne désire ni ne veut nager dans l’opulence.
Je forme le voeu de consacrer mon or
A quêter le sens des symboles observés.
Hormis cela, je n’ai point d’autres rêves en tête.
Certains croiront que mon souhait est folie.
D’autres l’estimeront bien modeste ambition.
Pour moi-même cependant, il n’est de plus grand but
Que puisse s’assigner un homme sur terre.
Amadou Hampaté Bâ, Mali
Quand la parole est un remède !
Vendredi 3 avril
Le médicament, de toute façon, il est prononcé par des mots, par des phrases.
On peut donner des substances, par exemple des herbes, des macérations, mais ce qui est important,
dans le médicament, c’est la volonté et les paroles.
C’est la volonté d’abord de celui qui donne, du guérisseur.
Et la volonté, ensuite, avec laquelle tu prends le médicament.
Si j’allais chercher le zorolili, une racine qui sent très fort,
il y a des mots qu’il faudrait prononcer avant d’enlever ces racines-là.
Ce sont des mots qui doivent contenir la volonté.
Le médicament, ce n’est pas un objet, c’est une relation.
C’est une relation de confiance.
Adama Dramé, Burkina Faso