Au commencement était l’âme…
Parlez-moi de l’âme !
« Voyez, chère amie, vous n’êtes pas seule.
Et nous ne sommes pas seuls, tout deux, à savoir que nous avons une âme, à ne pas négliger cette part irremplaçable qui est notre être même. Elle est précieuse aussi bien pour soi que pour les autres êtres rendus inaliénables par le miracle de la rencontre, un miracle qui ne peut se produire que grâce à l’intelligence du cœur, autrement dit l’amour.
Et cela ne nous dispense absolument pas de relever le défi radical qui nous est lancé, plus que jamais d’actualité : dévisager le mal. Son œuvre fait irruption dans notre quotidien à travers les attentats, les guerres, et la misère de tant d’êtres humains écrasés par la cupidité de quelques-uns.
Nous devons solliciter toute la capacité de notre esprit pour analyser cette situation de chaos, sans jamais cesser de sonder la part d’abîme que porte l’âme humaine, afin de pouvoir l’extirper. Car il y a les instances du politique et de l’économie où nous devons défendre les droits de l’intelligence et de la justice, mais il y a aussi ce fond de l’âme humaine qu’ont scruté Dante et à sa suite un Shakespeare, un Hugo, un Dostoïevski – et tant d’autres encore, notamment celles et ceux qui à l’image du Christ l’ont affronté au prix de leur vie. C’est seulement ainsi que la part de lumière de notre âme aura une chance d’émerger réellement.
Je vous redis toute mon amitié, »
Extrait de François Cheng De l’âme aux éditions Albin Michel