14.10.2024 - 18h30

Bitume d’août

Sandra Maeder

CAN, Centre d’art Neuchâtel est un centre d’art

Pierrot et sa mère vivent dans un appartement en périphérie de la ville, au-dessus de l’autoroute au vrombissement incessant qui fait penser au bruit de la mer. C’est le mois d’août, il fait chaud. Des ventilateurs tournent aux quatre coins du salon sans fenêtres. Pierrot observe le poisson qui agonise dans l’aquarium. Il a décidé de dire à sa mère que Pierrot ce n’est pas son nom, mais elle ne l’entend pas. Le poisson lui rappelle un jour d’anniversaire, il y a très longtemps…

Ce texte est né sous la forme d’une pièce de théâtre avant de s’échapper vers le roman. Il lui en est resté son caractère dialogué, ancré dans un même espace-temps. Mais les dialogues seuls manquaient d’une certaine texture, d’une proximité avec les personnages, avec leurs perceptions, leurs ressentis. Il fallait s’en rapprocher de façon immédiate et brute, sans filtre ni jugement, afin de les représenter pleinement, dans tout ce qu’ils avaient de touchant et de pathétique.

Au fil de l’écriture c’est devenu avant tout un travail sur la mémoire et l’oubli, sur la manière dont on se crée des formes de réalité pour en échapper à d’autres. C’est aussi la tentative de transposer la sensation d’un temps qui n’est pas tout à fait linéaire, fait de ruptures et de répétitions, où les souvenirs, les rêves et la réalité peuvent si facilement se superposer et se confondre.

La lecture à haute voix permet de revenir à l’identité première de ce roman, qui est celle d’essayer de dire, de communiquer, de dialoguer, quand il est tellement plus facile de se taire.

 

CAN, Centre d’art Neuchâtel est un centre d’art